2 février 2014

Petite fleur de Java (Lorenzo Cecchi)

Résumé :
Kafka a écrit : « Désir de devenir un Indien ».
Désir partagé dans ce roman par Léo, notre héros, brave VRP, qui vivra cela comme une terrible métamorphose. Il sera l’amer Tchiconqui, le cruel sachem. Trop d’alcool, deux tonneaux, un visage fracassé et en partie inerte, un nerf optique sectionné, la vie de Léo bascule. Il hait sa nouvelle apparence, évite les miroirs, effraie les autres, se fait virer. Il fait le pitre dans une épicerie de Schaerbeek héritée de son père pour que son attitude colle à sa bouille. Une nouvelle vie où Léo est travaillé par des émotions qui le dépassent. Sa femme, Lucienne, la famille d’Omar, son voisin marocain, Françoise, pute retraitée qui guette la nuit, et tout le petit peuple du quartier vont être les témoins de sa montée vers une transe extrême.

Sur fond de chants sioux, Dr Jekill devient le Mr Hyde indien d’une île perdue où des enfants orpailleurs triment à mort. Perceptiblement, Léo s’enfonce dans une folie sans retour. Les proches, les mômes surtout, craignent et s’écartent de ce clown au regard parfois si mauvais. Et trop chaud lapin l’Indien… Lucienne n’est plus au pays des merveilles et la métamorphose d’un Léo emplumé et peinturluré dérape énormément…
Cerise sur ce gâteau rouge sang : à la fin de son récit, l’auteur devient le nègre d’un anonyme !

Eh oui, ceux que vous croisez tous les jours, qui regardent la télé et promènent leur chien, votre boucher, vos amis de toujours, sont tous des planètes porteuses d’infinis mystères.
Les gens ne sont jamais ordinaires et peuvent même changer de couleur…

Mon avis
Nous faisons la connaissance de Léo et de sa femme. Ils ont eu un véritable coup de foudre et s'aiment encore très fort aujourd'hui, après toutes ces années.
Lui est toujours un peu foufou, il est comme un chien : il aboie tout le temps mais ne mord jamais. Pas même ce jeune qui vient se soulager contre son mur...
Et puis, c'est l'accident. La route, trop d'alcool.
Léo survit, mais... dans quel état ? Il perd l'usage de la moitié de son visage. Il a la face complètement déformée, hideuse.
Il se déteste, il a honte de ce qu'il est devenu, même face à Lucienne. Il a peur de la perdre, qu'elle s'éloigne, qu'elle ne l'aime plus. Il évite tous les miroirs, il refuse de voir ce demi Léo et ce demi autre qui n'est pas lui.
Il effraie les gens, les enfants, ses proches.

Et puis, cet autre Léo prend de plus en plus de place. Le Léo que tout le monde aime finit par laisser de la place à l'autre. Il raconte des histoires effrayantes aux enfants, il en rigole. Le gentil prend sa défense, à coup de "rho c'est pour rire Lucienne, t'inquiète !".
Léo sombre peu à peu dans la folie, dans la méchanceté. Dans l'inhumanité. Il était gentil et adorable, il est devenu haineux et effrayant.

Cher Léo, sache que je t'ai détesté, vraiment. Avant, tu étais gentil, tu étais le grand-père que tout enfant devrait avoir, un faux méchant, un coeur tendre, un rigolo. Maintenant, tout le monde te déteste et plus personne ne veut de toi...

Cette histoire est magique. Oui, Léo c'est un peu notre Jekill et Hyde.
Les débuts ne sont pas spécialement palpitants, j'ai eu du mal à avancer. Il faut dire que je ne me suis même pas occupée du résumé. J'ai choisi ce livre pour son titre, pour le reste, je ne savais pas ce qui m'attendait.
Et je n'ai pas été déçue.
Léo était quelqu'un de bien, il a vécu une épreuve terrible durant son enfance mais l'a surmontée comme il a pu.
Et puis, tout commence à aller très vite après l'accident, les choses bougent, les caractères changent.
Ce Mr Hyde, je l'ai détesté et pourtant, il m'a passionnée. Il est le tableau parfait de la nature humaine.

Ce ne sera peut être pas un coup de coeur, peut être même que j'aurais oublié les grandes lignes de cette histoire dans deux mois, mais je ressors de ma lecture complètement subjuguée. Merci les editions Hélène Jacob, je ne regrette vraiment pas !

Pour plus d'infos : http://www.editionshelenejacob.com/store/products/petite-fleur-de-java/

1 commentaire:

Si tu mets un commentaire, je t'offre un carambar.