31 janvier 2017

Quelqu'un à qui parler (Cyril Massarotto)

Résumé :
Samuel fête ses trente-cinq ans, seul face à des assiettes vides. La déprime est proche. Il attrape alors sont téléphone mais réalise qu'il n'a personne à qui parler. Soudain, un numéro lui revient en mémoire : celui de son enfance et de la maison du bonheur familial depuis trop longtemps disparu.
Tiens, et s'il appelait ? A sa grande surprise, quelqu'un décroche. Et pas n'importe qui : c'est à lui-même, âgé de dix ans, qu'il est en train de parler ! Mais que dire à l'enfant que l'on était vingt-cinq ans plus tôt ?
Finalement, chaque soir, à travers ce téléphone, Samuel va s'interroger : l'enfant que j’étais serait-il fier de ma vie ? Aurait-il vraiment envie de devenir l'adulte que je suis aujourd'hui ? Ne l'ai-je pas trahi en renonçant à mes rêves ?

Mon avis :
Hé merde. Je le savais en plus hein. Ce livre, je l'ai commencé hier soir à 18h. A 19h j'en etais à la moitié. Au petit matin il était fini.
A peine le temps de savourer l'histoire, toutes ces petites vies.
Bon pour ma défense, ce roman n'est pas hyper épais non plus. Mais il n’empêche que je me suis retrouvée plongée dans cette histoire (sans grande surprise avec cet auteur)

Samuel a 35 ans. Pas d'amis (deux), pas de famille (ou peut être) et un taf pourri dans lequel il s'est enfermé sans s'en rendre compte depuis tellement longtemps. Et plus de meuf, en plus. Personne. Totalement isolé.
Son anniversaire est clairement le plus triste de l'univers. Même si à cet age on aime les soirées pépères, quand même, un anniversaire ça se fête, merde.
Samuel se retrouve donc le soir de son anniversaire, tout seul, sans un bruit, et avec une bouteille de champagne.
Dans l'isolement le plus total, il se retrouve face à sa vie actuelle. A quel moment ça a merdé à ce point ? Il se remémore alors son passé, son enfance heureuse, pleine de rêves et de joie. Et son premier numéro de téléphone. Vous vous souvenez, à l’époque, il n'y avait que 8 chiffres.  Et même avec seulement 8 chiffres, ça marche. Quelqu'un répond au téléphone.
Ce quelqu'un, c'est lui, 25 ans plus tôt.
La surprise passée, Samuel prend vite l'habitude de s'appeler tous les soirs à la même heure. Ça devient leur secret, leur petit rituel.
Ils se parlent, se confient. L'adulte se remémore ainsi des pans oubliés de son enfance. C'est drôle tous ces souvenirs qui reviennent. Et qu'on peut changer.
Le petit Sam n'est clairement pas ok avec ce qu'est devenu l'adulte. Pas de voyages, pas de passions, pas de rêve réalise.
Quand on est enfant, tout est possible. Et là, non.
Alors le grand Samuel écoute l'enfant. Et se bouge, ose, change. Reprend finalement peu à peu gout à la vie, retrouve le courage que tous les enfants ont.
L'adulte aide le gamin à surmonter les petits et gros tracas qu'il vit. L'amoureuse, le pote, le tortionnaire. Pas facile de gérer tout ça quand finalement personne d'autre que nous même peut nous aider et trouver les mots.

Encore une fois, l'histoire servie par Cyril Massarotto est magnifique. Les personnages parfaits et attachants (à part Monsieur Paul, on est d'accord). Et puis le petit Sam, qui nous rappelle l'enfant que l'on a tou.te.s été.
On devrait tous avoir un Marcel et une Marceline dans nos vies. Qu'est ce que j'ai aimé ce petit couple de vieux, et leurs rapports avec Samuel.
Samuel n'a rien. Enfin si, mais c'est tellement peu de choses comparé à ce qui était espéré.
Réaliser ses rêves, garder son âme d'enfant, rien n'est plus primordial dans la vie. Parce qu’être heureux finalement ce n'est rien de plus que ça.
Et n'oubliez pas que changer une chose peut tout changer. En bien, forcement.

A ce niveau là, je peux même pas dire que cette lecture a été un coup de cœur. Ça a été largement plus que ça. Je me suis retrouvée plongée dans mon enfance. Mes 10 ans. Mes copines, ma mère, mes jeux, mes rêves et mes amoureux. La seule chose qui me manquait, c'etait mon numéro de téléphone. Et mes 35 ans (mais ça, c'est pour bientôt, heureux hasard).
Comme avec chaque roman de Cyril Massarotto, j'ai souri, j'ai ri, j'ai adoré et j'ai pleuré tellement tout ça était magnifique.

Je remercie encore une fois infiniment les éditions XO pour ce cadeau.



30 janvier 2017

Imagine le reste (Hervé Commère)

Résumé :
Quand ils volent au caïd local un sac rempli d'argent, Fred et Karl peuvent enfin dire adieu à Calais et aux combines minables. Ils font cap vers le sud pour retrouver Carole, leur amour de toujours, en rêvant à la suite.Tout serait si simple s'il suffisait d'imaginer le reste pour qu'il arrive. Mais, invariablement le destin vous détrompe.Ce sac en cuir brun qu'ils trimbalent à présent, ils ne sont ni les premiers ni les derniers à lui avoir couru après, tous pour des raisons différentes : la gloire, le bonheur, un passé qu'on voudrait voir renaître... ou simplement une place, une place dans le puzzle de la vie...

Mon avis
Dans ce roman, il y a du monde.
Il y a d'abord Fred et Karl, amis depuis presque toujours. Et puis Nino, un chanteur raté qui bosse dans un karaoké. Serge Cimard, le caïd pété de thunes qui impose le respect direct.
Et puis, il y a d'autres personnes, qui gravitent autour de ce petit monde. Des gens qui vont changer ces vies.

Fred, finalement plus voyou que Karl, a volé le fameux sac rempli d'argent. Pour se venger, pour arnaquer Cimard.
Tout cet argent devrait aider les deux amis à changer de vie, à partir loin de la misère et des galères. Juste un peu de bonheur, ce n'est pas trop demander.

Je ne peux sincèrement rien raconter de plus, ce serait spoiler à coup sûr.
Je peux juste vous dire qu'il y a des rebondissements. Que régulièrement je me suis dit en finissant un chapitre "ho bin merde ! C'est énorme mon dieu !" avec la furieuse envie de savoir ce qui va arriver à la page suivante.
Tous ces gens, tous ces personnages, nous offrent en fait une simple leçon de vie. L'argent, l'amour, l'amitié, les secrets, les apparences, le succès. Ce qui est nécessaire et ce qui ne l'est pas.
Ce livre ce lit très vite, très facilement. On voyage. De Calais à la cote d'azur. Et ça fait du bien.
On se demande ce que va devenir ce sac, comment ça va bien pouvoir finir pour chaque personnage. Parce que finalement, on les comprends, ces gens. Ils ont tous une raison valable de courir après cet argent.
Et puis finalement, on va de surprises en surprises.

Imagine le reste n'est pas une lecture qui restera gravée bien longtemps dans ma mémoire. On est loin du coup de cœur, mais ça reste une très jolie leçon et un agréable moment.


Imaginer le reste etait une chose merveilleuse. 

14 janvier 2017

La prunelle de ses yeux (Ingrid Desjours)

Résumé :
Il est aveugle. Elle est ses yeux. Elle pense le guider vers la lumière. Il va l’entraîner dans ses ténèbres.

Gabriel a tout perdu en une nuit. Son fils de dix-sept ans, sauvagement assassiné. Ses yeux. Sa vie... Les années ont passé et l’aveugle n’a pas renoncé à recouvrer la vue. Encore moins à faire la lumière sur la mort de son enfant.
Quand un nouvel élément le met enfin sur la piste du meurtrier, c’est une évidence : il fera justice lui-même. Mais pour entreprendre ce long et éprouvant voyage, Gabriel a besoin de trouver un guide. Il recrute alors Maya, une jeune femme solitaire et mélancolique, sans lui avouer ses véritables intentions...

Mon avis :
Ça faisait un bon moment que je voulais découvrir l'auteure, sans trop savoir par où commencer.
Et puis ce livre me tentait particulièrement, alors je me suis décidée.
La claque ! Je me suis pris la claque de ma vie, bien comme il faut.
J'ai été secouée dans tous les sens, j'ai senti mes tripes me remonter au coin des lèvres, toutes mes émotions ont été mises à rude épreuve.

L'histoire est assez horrible. Un gamin de 17 ans retrouvé tabassé, un homme aveugle du jour au lendemain sans aucune raison médicale, de la violence conjugale. Secouez tout ça et vous aurez un roman totalement détonnant.

On lit tour à tour deux histoires : ce qui est arrivé en 2003. On fait la connaissance de tous les personnages. Victor, Gabriel, Maya et Tancrède (bon, déjà...). Puis on se retrouve en 2016. Avec Les conséquences, les nouvelles vies, les vies brisées.

Au fil des pages on comprend de plus en plus, on fait le lien entre les personnages, entre avant et après. On essaie de deviner un peu, ce qui est arrivé et ce qui va bien pouvoir se passer.
On a de la peine pour les uns alors qu'on voue rapidement une haine infinie pour les autres.

J'ai été totalement soufflée. L'écriture est superbe, et si l'histoire ne démarre pas à fond dès les premières pages, ça part rapidement dans tous les sens. J'ai été entraînée par l'histoire, par les découvertes qu'on fait page après page. J'ai espéré ou deviné. Et j'ai simplement kiffé comme jamais.

Ce roman est une magnifique critique sur l'élite, le pouvoir, la soif de vengeance et le pardon.

8 janvier 2017

Duma Key (Stephen King)

Résumé :
Duma Key, une île de Floride à la troublante beauté, hantée par des forces mystérieuses, qui ont pu faire d'Edgar Freemantle un artiste célèbre… mais, s'il ne les anéantit pas très vite, elles auront sa peau !

Mon avis :
Edgar Freemantle a frôlé la mort. Dans un grave accident sur un chantier, il a laissé un bras. Quelques séquelles ailleurs sur le corps ou l'esprit, aussi. C'est réellement un survivant. Comme beaucoup d'autres après une telle épreuve, Edgar change de vie. C'est comme ça qu'il se retrouve fraîchement divorcé, à débarquer sur une île paradisiaque de Floride. Une jolie petite baraque de bord de mer.
Là bas, il y a peu de voisins. Il fait donc rapidement et facilement la connaissance d'un certain Wireman, un éclopé comme lui. Wireman vit dans la maison la plus proche et s'occupe d'une ravissante vieille dame malade, Elizabeth.

Très vite, les deux hommes se lient d'amitié. Edgar en a bien besoin parce que la vie sur l'île, il ne connait pas tres bien. Un peu d'aide est donc appréciable.
Et puis, il faut bien occuper ses journées, ici. Alors Edgar se remet à dessiner. La dernière fois c'était il y a bien longtemps mais ma foi, pourquoi ne pas tenter le coup.
Et quel talent ! Ses toiles ont un succès hallucinant. Edgar devient très vite une star, les gens sont totalement subjugués par ses peintures. Il n'y a bien que lui, Elizabeth et Wireman qui se font un peu dessus.

Duma Key se révèle rapidement dangereuse, les peintures d'Egar aussi.
Que c'est-il passé ici même, il y a 80 ans ? Quels secrets cache Elizabeth, atteinte d'Alzeihmer ?
Notre peintre et son acolyte vont tout faire pour résoudre l'énigme, et sortir de ce merdier. Non sans quelques dommages collatéraux.

Un mois ! Il m'aura fallu un mois pour arriver à bout de ce pavé (855 pages).
Je voue une admiration sans limite pour Stephen King. J'aime comme il raconte, comme il ecrit.
Mais quand il se lance dans le pavé, ça traîne très facilement en longueur.
Et là, c'était clairement ça. Pendant une bonne grosse moitié du bouquin il ne se passe rien. Strictement rien. Même l'atmosphère est loin d'être oppressante. Même quand les peintures font leur boulot, ce n'est pas aussi terrible que ce à quoi je m'attendais. Le pouvoir d'Edgar est terrible, mais finalement ça ne sert pas à grand chose dans l'histoire.
Il n'y a qu'à la fin que ça bouge vraiment, qu'on est enfin dans du fantastique, que la peur approche.
Alors oui, la fin vaut largement la peine. Globalement l'histoire est très bonne, il n'y avait que de bonnes idées. Mais sincèrement, heureusement que c'est Stephen King sinon je pense que je n'aurais pas tenu. Son écriture emporte et là, c'est elle qui a fait tout le boulot.