30 octobre 2016

La mésange et l'ogresse (Harold Cobert)

Résumé :
« Ce que je vais vous raconter ne s'invente pas. »
22 juin 2004. Après un an d'interrogatoires, Monique Fourniret révèle une partie du parcours criminel de son mari, « l'Ogre des Ardennes ». Il sera condamné à la perpétuité. Celle que Michel Fourniret surnomme sa « mésange » reste un mystère : victime ou complice ? Instrument ou inspiratrice ? Mésange ou ogresse ?
Quoi de plus incompréhensible que le Mal quand il revêt des apparences humaines ?
En sondant les abysses psychiques de Monique Fourniret, en faisant résonner sa voix, jusqu'au tréfonds de la folie, dans un face à face tendu avec les enquêteurs qui la traquent, ce roman plonge au cœur du mal pour arriver, par la fiction et la littérature, au plus près de la glaçante vérité.

Mon avis :
En voilà un roman écrit pour moi. J'ai toujours eu une fascination super glauque pour ce genre d'affaires criminelles bien dégueulasses. J'adore lire des sites, des articles, etc. Plus c'est horrible, plus j'aime.
J'ai découvert ce livre chez Hylyirio (et si tu ne la connais pas, tu peux foncer, son blog est une source hallucinante de bonnes idées de lecture). Après avoir lu son avis, j'ai pas hésité bien longtemps avec de prendre le bouquin.

Je ne connaissais pas du tout Harold Cobert avant, et je decouvre sa plume avec ravissement. L'ecriture est fluide, le roman a beau traiter un sujet abominable, il se lit très facilement. A ma grande surprise, je l'ai dévoré d'une traite, je ne pouvais pas le lâcher avant d'arriver la fin.

On alterne tour à tour entre le flic chargé de l'enquete sur Fourniret, puis l'histoire racontée par Monique Olivier. Ce changement facilite aussi l'ambiance sombre de l'histoire. On ne peut qu'halluciner devant les discours de cette femme. Elle a certes vécu des choses franchement pas rejouissantes, on ne peut s'empecher de se demander ce qui peut bien se passer dans sa tete.
Monique Olivier est hesitante, elle a la mémoire qui flanche, elle ne sait rien et ne se souvient de rien. Elle bafouille pour répondre au flic qui l'interroge, des heures durant, chaque semaine.
Cette femme met les nerfs policiers à rude epreuve, et c'est pas peu dire. Les flics savent qu'elle leur cache quelque chose. Alors ils insistent, ils la poussent un peu plus chaque fois, sans succes. C'est qu'elle l'aime, son fauve. Ils ne la lâcheront pas, pendant presque un an.
Monique Olivier nous apparait comme une femme timide, très reservée, soumise, solitaire. On voit qu'elle n'a pas l'habitude de parler, de communiquer avec des gens. Elle a les cheveux qui lui tombent sur le visage, elle se courbe, rentre la tete dans les epaules.

Et pourtant. Pour coincer Michel Fourniret, il faut que Monique Olivier balance, qu'elle ouvre les vannes. Sans elle, l'affaire ne sera jamais bouclée, et son mari non plus.

J'ai totalement halluciné. On connait malheureusement cette histoire, mais lire un roman qui traite de cette affaire est une rude epreuve. Il n'y a bien heureusement aucun detail graveleux, gore, qui souleve les tripes. Tout le macabre est abordé sobrement. De toute maniere l'auteur ne s'interesse qu'à l'epouse.
Parce que, vraiment, qu'est ce qui se passe dans la tete de ces femmes ? Comment une epouse, qui vit depuis 17 ans avec le meme homme, peut elle tout ignorer des agissements et penchants de son mari ?
Michel Fourniret doit etre brillant manipulateur, pour avoir rendu sa femme si docile et aveugle, si dévouée.
Au fil des pages, on decouvre la personnalité de Monique Olivier. Qui est-elle vraiment ? Quel est son passé ? Pourquoi ?

Harold Cobert s'est hyper documenté sur l'affaire, il s'est renseigné aupres du commissaire en charge de l'affaire. Mais difficile de romancer un truc aussi horrible. Et pourtant, il a brillamment réussi le pari.
Ce roman est hyper interessant, instructif et très bien ficelé.
On n'est pas loin du coup de coeur. C'aurait pu l'etre, mais je ne me suis attachée à aucun des personnages. Comment aurais-je pu, d'ailleurs ?
A part peut être le commissaire, qui apporte une touche d'humanité dont cette histoire a bien besoin. 

Serre-moi fort (Claire Favan)

Résumé :
"Serre-moi fort." Cela pourrait être un appel au secours désespéré.
Du jeune Nick, d'abord. Marqué par la disparition inexpliquée de sa soeur, il est contraint de vivre dans un foyer brisé par l'incertitude et l'absence. Obsédés par leur quête de vérité, ses parents sont sur les traces de l'Origamiste, un tueur en série qui sévit depuis des années en toute impunité.
Du lieutenant Adam Gibson, ensuite. Chargé de diriger l'enquête sur la decouverte d'un effroyable charnier dans l'Alabama, il doit rendre leur identité à chacune des femmes assassinées pour espérer remonter la piste du tueur.
Commence alors, entre le policier le meurtrier, un affrontement psychologique d'une rare violence...

Mon avis :
J'aurais pu finir ce livre dans la journée. Si tôt commencé, je me suis retrouvée aussi vite à 40 pages de la fin. C'est toujours comme ça avec Claire Favan. Ses romans se lisent comme du petit lait, on ne voit pas le temps passer.
Je savais avant même de commencer ma lecture que je finirais les tripes totalement retournées. Ça n'a pas loupé. Claire Favan m'a remué le cœur dans tous les sens.
Sans surprise, j'ai été totalement happée par cette histoire. Je me suis plongée dedans à corps perdu.

Les Hoffman forment une famille tout ce qu'il y a de plus normal. Les parents s'aiment. Le frère et la sœur ne se supportent pas.
Là où ça commence à dérailler, c'est que les parents montrent une nette préférence pour Lana, la sœur aînée. Belle, intelligente, populaire, adorable. Elle a tout pour plaire. Nick est transparent pour ses parents.
Alors évidemment, quand Lana disparaît sans laisser de traces, la situation empire pour Nick. On comprend facilement que les parents éplorés se laissent mourir de chagrin, mais ils abandonnent carrément leur fils bien vivant pour ne se consacrer qu'à Lana.
Et quand finalement ils réussissent à sortir la tête de l'eau, ils arrivent à pourrir encore plus la vie de Nick, qui se retrouve embarqué dans une vie qu'il n'a pas choisi. Ses parents ne l'écoutent pas, il a pourtant tellement de choses à leur dire.

Et puis 20 ans plus tard, il y a Adam. Père de famille, jeune veuf, il a du mal lui aussi à reprendre goût à la vie. Ses enfants sont les premiers à en faire les frais.
Pour ne pas sombrer, il se consacre à une nouvelle enquête. 24 cadavres de jeunes femmes sont retrouvés dans la nature. La traque commence.
Une chasse à l'homme cruelle et violente.

Quel gâchis ! Quel gros con l'autre, franchement. Voilà, il n'a pas écouté/cru son ami et on voit comment ça finit.
Mais c'est ça qui est bien avec les romans de Claire Favan. Dans la vraie vie, une histoire pareille se finirait sûrement comme ça, pas comme dans les films. Quitte à briser le coeur du lecteur (enfin le mien, mais je suis trop sensible ah ah).
Je suis tout bonnement dégoûtée par la fin, je voulais pas ça moi ! Mais finalement, qui a gagné ? Qui a perdu ? C'est bien ça le principal.
Serre-moi fort n'est pas un roman riche en détails trash et degueux comme les précédents thrillers de l'auteure. L'ambiance n'en est que plus malsaine.
La vie ne tient vraiment pas à grand chose. 


29 octobre 2016

Mille femmes blanches (Jim Fergus)

Résumé :
En 1874, à Washington, le président Grant accepte la proposition incroyable du chef indien Little Wolf : troquer mille femmes blanches contre chevaux et bisons pour favoriser l'intégration du peuple indien. Si quelques femmes se portent volontaires, la plupart vient en réalité des pénitenciers et des asiles... L'une d'elles, May Dodd, apprend sa nouvelle vie de squaw et les rites des Indiens. Mariée à un puissant guerrier, elle découvre les combats violents entre tribus et les ravages provoqués par l'alcool. Aux cotés de femmes de toutes origines, elle assiste à l'agonie de son peuple d'adoption.

Mon avis :
Je me souviens avoir découvert ce titre il y a déjà pas mal d'années. Je cherchais juste des bouquins à ajouter à ma pal, je suis tombée sur celui ci, qui est resté dans ma wish list jusqu'au mois dernier.
La suite venant d'être éditée et m'attirant très très fortement, je me suis donc bougé pour vite le lire.
Alors oui j'y ai passé un temps dingue (ebook foireux), mais une fois le livre papier entre mes mains, j'ai tout simplement dévoré cette histoire.

Un grand chef Cheyenne propose un échange à la limite du grossier au président des Etats-Unis. Sérieusement, une femme contre un bison ou un cheval ?
Cette demande choque tout le monde. Tu penses, mélanger des femmes blanches, chrétiennes et pures à cette bande de sauvages, franchement...
Mais le président Grant, loin d'être bête (quoique...) accepte. C'est ainsi que quelques femmes (ha bin non, pas les mille d'un coup hein) sont larguées dans la nature. On voit clairement qu'il y en a beaucoup qui sont loin d’être volontaires... La vie sauvage n'attire pas franchement beaucoup de monde.
Il n'y a bien que May qui voit là la parfaite occasion de s'enfuir de l'asile pour retrouver une certaine liberté. Elle est accompagnée de Martha, sa fidèle et trouillarde amie qui ne conçoit pas de vivre sans elle.
On fait également connaissance de Phémie, qui est une de mes personnages préférées, bien que trop peu présente. Phémie est une bâtarde, une métisse. Un père blanc, une mère noire. Esclave et fille d'esclave. Sa vie de squaw, elle l'a méritée. Elle est libre et insoumise, seule à décider quoi faire de son corps. Elle part donc chasser avec les hommes, nue, se bat comme les hommes. D'esclave à féministe, il n'y a souvent qu'un simple pas à franchir.

Ces mille femmes offertes devaient apprendre aux Cheyennes la vie  civilisée, et évidemment faire des enfants (le mélange des races, qui dégoute mais qui arrange bien tout le monde...). Elles avaient pour cela 2 ans maximum. Au delà, elles pouvaient être libres de partir retrouver leur vie d'avant, ou rester près des indiens.
Alors bien sur, volontaires ou non, toutes ces femmes n'ont pas tardé à regretter d'avoir accepté ce marché. Elles ont énormément de mal à s'habituer au changement plus que radical. Mais elles sont finalement très bien accueillies dans leur tribu. Par les hommes, leurs futurs maris, les autres femmes et les enfants.
Et elles sont finalement les premières surprise à voir avec quelle facilité elles se sont toutes adaptées à leur nouvelle vie. Elles sont vraiment indiennes à présent.
Et donc, comme de vraies indiennes, elles se sentent chez elles, à leur place, et sont prêtes à défendre leur clan bec et ongles.

C'est là que ça va partir en vrille. May réalise que le président et l'armée se sont bien foutus des indiens, le marché ne vaut rien et la promesse de Grant ne sera jamais tenue. Les indiens se sont fait avoir. 

May nous raconte tout de sa nouvelle vie. Presque au jour le jour. Elle note absolument tout dans des carnets, dans l'espoir d'être lue. On assiste au meilleur, au drôle, au triste. Et au pire, à la déchéance, au drame.
Que peuvent bien faire quelques femmes face à une armée déchaînée ? Même les guerriers Cheyennes sont finalement bien impuissants devant ces soldats.
Peut être que les sauvages ne sont pas ceux que l'ont croit... 

Ce roman se lit d'une traite. Il est incroyablement bien écrit, bien construit. L'histoire pourrait être vraie (et l'est sûrement, dans une certaine mesure), elle est aussi magnifique qu'horrible et cruelle. Les personnages sont presque tous attachants. Les maris Cheyennes, les femmes blanches, les enfants, les squaws. Tou.te.s ont quelque chose d'attachant.
Ce livre est un véritable coup de coeur et il me tarde vraiment de lire la suite.


8 octobre 2016

Les Parisiens (Olivier Py)

Résumé :
Jeune provincial avide de réussite et de plaisirs, Aurélien se lance à l'assaut de Paris, et de la grande aventure du Théâtre. Beau, désinvolte, insolent, il fait la conquête d'un éminent chef d'orchestre, séduit une vieille faiseuse de carrières, pince les fesses d'un ministre et charme un cacochyme empereur des médias. Dans les salons, les fêtes mondaines et les back-rooms où se mettent à nu les édiles culturels, où les prétendants aux nominations se déchirent, où l'on conspire à l'envi et profane les réputations, Aurélien est le nouveau talent qu'on rêve d'étreindre comme une jeune proie, et qui, sûrement, saura se montrer prodigue. Mais ses vraies amours sont ailleurs. Iris, Serena, Kamel, Gloria, Ulrika..., reines transgenres et faune de la nuit, qui prennent d'assaut Pôle Emploi et ourdissent une décisive révolte des putes. Et surtout Lucas, enfant trop mal aimé, poète magnifique mais inaccompli qui cherche avec humilité et désespoir une raison d'être au monde, de vivre encore, de croire...

Mon avis :
J'ai fini ce bouquin il y a déjà quelques jours mais je trouve enfin le temps de donner mon avis.
Et pourtant, Dieu sait que cette histoire m'a plu. Dès les premières pages j’étais totalement plongée dedans, j'ai savouré chaque page, chaque personnage, chaque aventure.
L’écriture est absolument divine, le style est là. Les personnages sont tous très hauts en couleurs. Il y a Aurélien, celui qui se fout de tout mais prend tout au sérieux. Lucas, le petit oiseau fraichement tombé du nid après avoir perdu son amour et son père. Et puis autour d'eux gravitent putes, transgenres, travesti, bdsm.

Olivier Py a mélangé dans ce roman plusieurs histoires, plusieurs univers. La communauté LGBT+ côtoie la vie politique, le ministère de la Culture et le grand Opéra. Théâtre, musique, soirées porno ou mondaines. Tout y est. Tout le monde est partout mais chut, il ne faut rien dire.
On profite de la vie, on se bat (ou pas) pour ce en quoi l'on croit, ce qui nous anime et nous fascine.
J'ai pris un plaisir de dingue à dévorer ces 500 pages, j'ai absolument tout aimé. Je me suis passionnée pour les soirées LGBT+, pour les magouilles politiques, pour le sexe, pour le genre, pour la liberté. Et pour l'amour.
Parce que finalement, ce livre n'est qu'amour. L'amour de tout, de rien, de l'autre. Et c'est magnifique.

Les Parisiens est clairement un des meilleurs livres que j'ai lu cette année.