Résumé :
Vous ne rentrez pas dans le moule ? Ils sauront vous broyer.
Inexorables, les conséquences des mauvais choix d'un père.
Inexorable, le combat d'une mère pour protéger son fils.
Inexorable, le soupçon qui vous désigne comme l’éternel coupable.
Inexorable, la volonté de briser enfin l'engrenage...
Ils graissent les rouages de la société avec les larmes de nos enfants.
Mon avis :
J'attends toujours le prochain roman de Claire Favan comme une gosse qui attend Noël et son anniversaire.
Quand j'ai commencé à savoir quel sujet serait traité dans ce dernier né, j'ai compris de suite que j'allais être dans la merde.
Avant même d'ouvrir ce roman je savais que la lecture allait en être difficile, que j'aurais énormément de mal à m'en relever.
La journée que je viens de passer avec Milo m'a donné raison. Ce polar m'a foutu la claque de ma vie. Je le referme aussi traumatisée que déterminée.
Milo est un gamin de 4 ans, qui vit paisiblement avec sa maman chérie et son père aimant mais très souvent absent à cause de son boulot.
Ce bonheur sans nuage éclate un matin où l'enfant assiste impuissant à l'arrestation musclée de son héros, son père.
La scène laissera au fond de Milo un traumatisme sans fin.
Les adultes ne savent pas gérer, parler à un enfant. On tente de se mettre à leur place pour comprendre, mais on ne peut pas. On ne sait pas comment leur parler pour qu'eux nous disent ensuite ce qui ne va pas chez eux.
C'est évidemment ce qui arrive à Milo. Personne n'arrive à comprendre cette soudaine violence, cette haine générale, ces larmes.
L'Ecole française n'est pas faite pour les enfants ""en marge"", ceux qui sortent un peu du moule. Les équipes pédagogiques n'ont pas les outils pour les accompagner correctement.
Alors rapidement les adultes s'acharnent sur Milo, qui est incapable de faire comprendre pourquoi il agit de la sorte. Les autres gamins le prennent vite en grippe. Il sera la cible et le coupable parfaits.
Mais un enfant mal/pas accompagné devient quel genre d'adulte ?
La chute de Milo est interminable. Chaque fois qu'il commence à sortir la tête de l'eau, que lui et sa mère reprennent un peu espoir, la rechute arrive comme un boulet de canon. Il vit une veritable descente aux enfers.
Claire Favan fait démarrer sa nouvelle histoire sur un sujet sensible : le harcèlement scolaire, et l'école soit disant inclusive (si tu as un enfant en situation de handicap, tu sais que le "soit disant" est important).
Milo, à cause de son père, est d'office le coupable. Le gamin irrécupérable.
Les mots sont importants. Les mots détruisent. Comment grandir sainement, s'épanouir, quand tous les jours, tout le monde, vous traite comme le méchant de service ? A force d'entendre ces mots-cailloux, Milo se les approprie. Tout le monde le considère coupable ? Alors il sera coupable.
Sa mère se retrouve seule pour tout gérer. Son boulot avec son salaire pas franchement mirobolant, les reproches de l'école, les conneries de son fils. Elle ramasse tout, tout le temps, toute seule.
Elle aime son fils plus que tout au monde et fera tout pour lui. Même la faute de trop.
Je suis un déchet depuis que j'ai refermé ce livre, il y a déjà une heure. C'est dire si l'écriture de mon avis est difficile cette fois ci.
Cette histoire me concerne trop (et pas juste parce que mon prénom apparaît comme ça dans deux chapitres, merci, j'en suis ravie.).
Mon enfance, mon adolescence sont proches de celles de Milo (non, ne paniquez pas, c'est quand même pas à ce point). J'ai une fille en situation de handicap et c'est un combat quotidien depuis 4 ans avec l'école et toutes les personnes qui gravitent autour. Je me suis beaucoup trop impliquée dans cette lecture, j'en ai pleuré de la préface jusqu'aux remerciements. Ça a été un moment aussi magique que difficile.
Claire Favan est définitivement Ma Reine.
Ses romans passent comme du petit lait. On les savoure, on savoure l'histoire, l'écriture, les personnages. On devine, juste ou pas. On se fait avoir, ou pas, finalement. Ce bouquin figure de manière définitive parmi mes préférés.